VIGNE Mathieu

Dans mes travaux, l’agroécologie est principalement abordée comme un objet moteur de changements de pratiques et de systèmes que je tente d’évaluer à travers des cadres d’analyse multicritères et pluri-scalaires.

Sur les évaluations multicritères, mes travaux se concentrent sur les performances environnementales et plus particulièrement sur les consommations d’énergie fossile, les flux de nutriments et les émissions de GES. La diversité des services apportés par l’élevage (fumure, traction animale, …) sont pris en compte via les méthodes d’allocation. Toutefois, en suivant les principes de l’agroécologie déclinés selon les différents auteurs, je fais évoluer ces méthodes en élaborant des indicateurs de performances socioéconomiques. Par exemple, la prise en compte du travail humain dans les évaluations que je produis est de plus en plus importante, et je mène des réflexions sur la prise en compte d’autres services apportés par l’élevage comme la capitalisation ou le statut social.

Concernant la dimension pluri-scalaire, j’ai longtemps travaillé à l’échelle de l’exploitation en montrant comment les systèmes les plus intégrés pouvaient avoir de meilleures performances environnementales. L’échelle territoriale est aussi abordée comme niveau d’organisation en analysant la diversité des exploitations au sein d’un territoire. Ces analyses comparatives visent à produire une certaine « hiérarchie » entre systèmes et à réhabiliter les performances des systèmes familiaux. Par ailleurs, je mobilise l’échelle « filière » à travers l’Analyses du Cycle de Vie (ACV), pour produire une évaluation environnementale multicritère des produits animaux, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à leur consommation en passant par leur production ou encore le traitement des déchets. Ces analyses peuvent contribuer à l’accompagnement des transitions agroécologiques des filières d’élevage en produisant des analyses comparatives sur des pratiques diversifiées d’élevage (origine des aliments, modes de gestion des effluents), de transformation, de modes de consommations, etc. Aujourd’hui, dans mes recherches le territoire devient un objet d’analyse avec l’approche du métabolisme territorial. Avec cette approche, je cherche à produire des évidences sur le rôle de l’élevage comme levier(s) pour améliorer les performances agroécologiques des territoires. La diversité des systèmes d’élevage devient alors un atout dans certains contextes, la complémentarité des systèmes d’élevage permettant de répondre aux multiples enjeux du territoire (fourniture alimentaire, revenus, emplois, matière organique, etc.).